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LE RIDEAU LEVÉ


garder, à notre sujet, le même secret qu’à votre égard je vous jure pour Vernol et pour moi, y trouvant le même intérêt. Mais, de grâce, qu’il participe à nos plaisirs ; il m’a fait l’aveu qu’il était fou de Laurette, et vous vous y trouvez engagé plus que vous ne pensez ; vous serait-il donc possible de nous refuser ? Je serai comblée de joie si vous ne vous y opposez pas, et si, comme je le désire, la chère Laurette ne le hait pas.

— Tout me force aujourd’hui à y consentir ; ne lui dites cependant rien encore de ce qui s’est passé entre nous, je vous le conseille et vous y engage. Il me croirait dédommagé, et je veux qu’il me paye lui-même du sacrifice que je fais. Prévenez-le seulement de se prêter à tout ce que nous voudrons.

— Ah ! je vous réponds de lui comme de moi-même, sur qui vous pouvez compter de tout.

— Il est cependant nécessaire que vous sachiez, vous et lui, que Laure n’est ma fille que pour le public, car en réalité elle ne l’est pas. Vous voyez cependant qu’elle ne m’en est pas moins chère ; mais surtout que personne ne soit instruit de ce secret, que vous deux ; je vous le recommande. Allez à présent trouver votre mère avec elle ; dites-lui que demain nous irons encore passer le jour à la campagne, et que si elle veut vous y laisser venir avec votre frère, nous vous y mènerons ; cependant, promettez-moi d’être tranquilles