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LE RIDEAU LEVÉ


Rose, curieuse à son ordinaire, voulut absolument savoir ce qui lui en donnait lieu ; elle l’appela, le pressa ; il ne fit pas de difficulté de lui raconter que ses camarades étaient convenus entre eux, avant de les avoir rencontrés, que celui des quatre qui aurait le vit le plus petit, payerait pour tous la bonne chère, et que celui qui l’aurait le plus gros ferait présent de ce qui serait bu.

Dans les transports, les éclats de rire et les élans que ce récit fit faire à Rose, elle s’agita de façon, en levant une jambe, qu’elle fit voir presque tout ce qu’elle avait de caché, et dans ce premier mouvement, elle s’écria : « Qui donc en sera le juge ? — Vous-même ! » lui dit le plus effronté, croyant bien que Vernol lui avait rendu compte de ce qu’il avait appris. Rose, animée par le vin et par une idée aussi flatteuse pour elle, répondit que certainement elle serait le meilleur juge et le plus en état d’en décider qu’aucun d’eux. De ce moment, on ne se gêna plus ; les expressions les plus hardies, accompagnées de vin et mêlées de caresses, passaient de bouche en bouche. Rose, comme un vaillant champion, tenait tête à tous ; mais elle se préparait d’autres assauts qui l’intéressaient d’avantage, et voulant en venir au plus tôt à des effets où elle trouvait plus de solidité, elle appela Vernol, et lui passant un bras autour du cou, elle pencha sa tête sur ses tétons, qu’elle lui faisait baiser, puis coulant sa main plus bas, elle