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LE RIDEAU LEVÉ

Enfin il fallu se reposer un moment. On était fort échauffé : boire, rire et caresser remplirent les entr’actes. Rose était toute livrée aux baisers et aux mains fourrageuses de ses cinq fouteurs ; ils ne purent la souffrir plus longtemps couverte du moindre voile ; bientôt elle fut mise dans l’état où étaient les trois déesses au jugement de Pâris.

Tous, jeunes et vigoureux, ne la virent pas plutôt ainsi, que leurs désirs se montrèrent plus furieux. Rose aurait cédé volontiers la ceinture de Vénus pour une guirlande de cons, afin de les recevoir tous à la fois, à moins que cette ceinture de la mère des amours ne fût de cette espèce, mais n’en pouvant avoir que deux, elle changea la scène, en faisant mettre le plus gros et le plus long couché sur le lit, la tête au pied ; elle se mit sur lui, les tétons appuyés sur sa bouche ; le moins avantagé se mit sur elle entre leurs cuisses ; chacun prit la route qui lui était présentée : de chaque main elle tenait le vit des deux autres, et réserva Vernol, dont elle prit le hochet entre ses lèvres, qu’elle chatouillait et suçait du bout de sa langue.

Enfin Rose, au milieu du foutre qui ruisselait de toutes parts, demeura victorieuse, après qu’ils se furent présentés entre eux vingt-deux fois au combat, et qu’elle eut arrosé trente-neuf fois par elle-même le champ de bataille ; elle était excédée, mais ivre de plaisir.