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LE RIDEAU LEVÉ


son principe, et les communiquent lorsqu’ils les ont trouvés. Il y en a, ma chère Laure, de ces hommes bienfaisants qui, sans redouter le blâme et les cris des sots, sont utiles, non seulement à leurs contemporains, mais encore à la postérité, en découvrant sans fard et sans déguisement tout ce qu’ils ont acquis pour parvenir à parer aux accidents qui résultent de la prostitution des femmes.

C’est encore ici, ma Laurette, un des avantages de l’éponge, mais elle ne suffit pas seule ; il s’agit de l’imbiber avant d’une liqueur où se trouve répandu un sel dont la ténuité est infinie, qui, par ses préparations, étant un alcali puissant, s’unit avec précipitation aux sels acides de la liqueur viciée, absorbe dans l’instant leur action, en détruit la nature, les réduit au moment même en sels neutres, et préserve par conséquent de contagion dans l’union des sexes, dont l’un ou l’autre serait infecté.

Qu’une femme trempe l’éponge dans cette eau composée, qu’elle se l’introduise, elle peut, sans risque, s’unir de suite à plusieurs hommes, elle peut même recevoir un homme malsain ; ou, dans le cas de la contagion, ayant soin, pour plus de sûreté, de la retirer avec son petit cordon, aussitôt qu’il est dehors, de se laver et de s’injecter de la même eau, ou bien de remettre chaque fois une éponge imbibée de la même composition ; on peut ensuite laver ces éponges dans une quantité