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LETTRE DE SOPHIE


ces lieux : le sentiment constitue le naturel du beau sexe ; la sensibilité forme la principale partie de son essence : la volupté exerce un empire vainqueur sur ces êtres délicats. À ces dispositions originaires, qu’on joigne les effets échauffants d’une imagination exaltée dans la retraite et l’oisiveté, on trouvera la raison de cette fureur intestine qui nous maîtrise dans les couvents. C’est ainsi que les femmes de ces pays où les hommes jaloux les tiennent prisonnières, trouvent si précieuses des jouissances dont l’idée habituelle qu’elles en ont n’est point contre-balancée par d’autres objets de dissipation. Dans la société, un tumulte de soins et de plaisirs énerve les passions, au lieu de les concentrer ; l’état séduisant d’une vaine coquetterie entraîne les femmes les plus sensuelles ; l’amour impétueux reste en partage à la solitude obscure et mélancolique : il n’est donc pas étonnant que les mystères consignés ici se soient glissés dans une cellule, pour en occuper tendrement les loisirs.

Ton absence me rendait tout le monde à charge, et ma sœur la religieuse me sollicitait d’aller passer quelques jours avec elle : je me suis rendu à son envie. Ah ! cher ami, que je suis pénétrée,