ces lieux : le sentiment constitue le naturel du
beau sexe ; la sensibilité forme la principale partie
de son essence : la volupté exerce un empire
vainqueur sur ces êtres délicats. À ces dispositions
originaires, qu’on joigne les effets échauffants
d’une imagination exaltée dans la retraite
et l’oisiveté, on trouvera la raison de cette fureur
intestine qui nous maîtrise dans les couvents.
C’est ainsi que les femmes de ces pays où les
hommes jaloux les tiennent prisonnières, trouvent
si précieuses des jouissances dont l’idée habituelle
qu’elles en ont n’est point contre-balancée
par d’autres objets de dissipation. Dans la société,
un tumulte de soins et de plaisirs énerve
les passions, au lieu de les concentrer ; l’état séduisant
d’une vaine coquetterie entraîne les femmes
les plus sensuelles ; l’amour impétueux reste
en partage à la solitude obscure et mélancolique :
il n’est donc pas étonnant que les mystères consignés
ici se soient glissés dans une cellule, pour
en occuper tendrement les loisirs.
Ton absence me rendait tout le monde à charge, et ma sœur la religieuse me sollicitait d’aller passer quelques jours avec elle : je me suis rendu à son envie. Ah ! cher ami, que je suis pénétrée,