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LETTRE DE SOPHIE


quoique que sa sœur, des tourments qu’elle doit endurer ! Elle a le cœur tendre, l’esprit vif, le goût délicat ; elle possède les grâces et la beauté ; elle s’est trouvée cloîtrée avant de se connaître. À sa place, que je serais malheureuse, mot qui ai moins qu’elle de droits au bonheur ! Elle attendait avec impatience une amie qui devait bientôt la rejoindre. Dès le premier jour, elle m’en parla avec des transports d’une tendresse inouïe ; elle me la dépeignait avec des couleurs tout à fait animée ; elle tournait sans cesse la conversation sur cet objet intéressant. Elle reçut de sa part un coffre très joli ; il était plein de petits ustensiles et de chiffons propres à une religieuse. Il attira les regards, selon l’usage, des bonnes mères tourières et supérieures, toutes plus curieuses ordinairement que rusées. Une découverte précieuse leur échappa. Ma sœur m’ayant laissée seule, la curiosité me prit à mon tour. Je m’aperçus que le fond était bien épais pour une si petite boîte ; en effet, il se trouva double et il renfermait le petit détail que je t’envoie. J’en ai secrètement tiré copie dans les heures de prière de ma recluse. Puisse la lecture que te procure la main de ton amante te dérober des moments aux belles de