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LE RIDEAU LEVÉ


certain âge la fougue du tempérament commence à s’éteindre, ce qui arrive plus tôt chez les uns que chez les autres, par une disposition et qualité différente des liqueurs qui sont en nous, ou par une diminution de sensibilité dans les organes : cette semence, alors refluée dans le sang, se tourne en embonpoint, qui quelquefois devient monstrueux par la suppression totale des épanchements et ces individus, loin d’être propres à l’union des sexes, y sont même indifférents, et ne conçoivent presque plus comment on peut y être sensible.

Mais, ma chère enfant, dans l’âge où le superflu commence à s’annoncer, où le feu du tempérament est un ardent brasier, si l’on s’en dégage avec la prudence qu’il est nécessaire de conserver, loin de nuire à sa santé, loin de faire tort à sa beauté, on entretient l’une et l’autre dans toute sa vigueur et dans toute la fraîcheur qu’elles peuvent avoir. Cependant, ma Laurette, il y a bien de la différence dans les moyens : une femme entre les bras d’un homme est bien plus animée par la différence du sexe ; combien l’est-elle plus à proportion du goût qu’elle a pour lui ? elle l’est même par l’approche et l’attouchement d’une personne du sien qui lui plaît ; l’imagination et la nature se prêtent avec bien plus de facilité et beaucoup moins d’efforts que si elle se procurait d’elle-même et seule ces sensations voluptueuses. Apprécie donc mieux à pré-