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LE RIDEAU LEVÉ


tu inventes, sans t’inquiéter de ceux qui te manquent.

J’avançais en âge, et j’atteignais la fin de ma seizième année, lorsque ma situation prit une face nouvelle : les formes commençaient à se décider ; mes tétons avaient acquis du volume ; j’en admirais l’arrondissement journalier ; j’en faisais voir tous les jours les progrès à Lucette et à mon papa ; je les leur faisais baiser ; je mettais leurs mains dessus, et je leur faisais faire attention qu’ils les remplissaient déjà ; enfin, je leur donnais mille marques de mon impatience : élevée sans préjugés, je n’écoutais, je ne suivais que la voix de la nature ; ce badinage l’animait et l’excitait vivement ; je m’en apercevais ;

— Tu bandes, cher papa, viens…

Et je le mettais entre les bras de Lucette. Je n’étais pas moins émue, mais je jouissais de leurs plaisirs. Nous vivions, elle et moi, dans l’union la plus intime ; elle me chérissait autant que je l’aimais ; je couchais ordinairement avec elle, et je n’y manquais pas lorsque mon papa était absent. Je remplissais son rôle du mieux que je le pouvais ; je l’embrassais, je suçais sa langue, ses tétons ; je baisais ses fesses, son ventre, je caressais sa jolie motte ; je la branlais, mes doigts prenaient souvent la place du vit que je ne pouvais lui fournir, et je la plongeais à mon tour dans ces agonies voluptueuses où j’étais enchantée de la voir. Mon humeur et mes manières lui