Page:Mirabeau - Le Rideau levé ou l'éducation de Laure, 1882.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
73
LE RIDEAU LEVÉ


tête de son vit, je le pressais de mes lèvres, je la chatouillais de ma langue, je l’enfonçais tout entier, je l’aurais avalé ! Je caressais ses couilles, son ventre, ses cuisses et ses fesses. Tout est plaisir, charmes, délices, chère amie, quand on s’aime aussi tendrement et avec autant de passion.

Telle était la vie délicieuse et enchantée dont je jouissais depuis le départ de ma chère bonne. Déjà huit ou neuf mois s’étaient écoulés, qui m’avaient paru fuir bien rapidement. Le souvenir et l’état de Lucette étaient les seuls nuages qui se montraient dans les beaux jours que je passai alors, variés par mille plaisirs, suivis de nuits qui m’intéressaient encore davantage ; je faisais consister toute ma satisfaction et ma félicité à les voir disparaître, pour employer tous les moments qu’ils me laissaient entre les bras de ce tendre et aimable papa, que j’accablais de mes baisers et de mes caresses. Il me chérissait uniquement ; mon âme était unie à la sienne ; je l’aimais à un degré que je ne puis te peindre.

Mais, chère Eugénie, que vas-tu penser de ton amie, sur une confession que je ne t’ai pas encore faite ? Quelle scène nouvelle tu vas voir paraître, et quel fondement peut-on faire sur soi-même ? À quel degré d’extravagance l’imagination exaltée n’entraîne-t-elle pas ? Qui peut donc répondre de ses caprices et de son tempérament ! Si le cœur est toujours le

4