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LE RIDEAU LEVÉ


même manière, tandis que de la droite je me branlais comme faisait Isabelle. Une sensation délicieuse s’accroissait par degrés ; je ne fus plus surprise que ma cousine se plût à la répéter. Je ne tardai pas à les voir tous trois dans les plus vifs transports ; Isabelle se laissa aller sur le dos, donnant de temps en temps des coups de cul. Courbelon, témoin de son plaisir lui criait :

— Ah ! ma chère, tu décharges !

Il achevait à peine ces mots qu’il tomba lui-même presque sans mouvement sur Justine, en faisant de grands soupirs, et prononçant avec énergie des foutre ! et des sacre ! qui peignaient ses sensations. Justine elle-même, après des élancements vifs et réitérés, et des serrements de cul précipités, resta comme anéantie, la tête et les bras penchés, en faisant chorus avec Courbelon.

Ces témoignages d’un plaisir si violent, m’animèrent à tel point, et portèrent le mien à un si prodigieux degré, qu’à mon tour je me laissai tomber sur les meubles, en ressentant un plaisir incroyable. Quel excès de délices quand on éprouve pour la première fois une volupté si grande, qu’on n’a jamais connue et dont on n’a pas d’idée ! On n’est plus rien, on est tout à cette suprême félicité, on ne sent qu’elle !

Le temps que j’avais employé à la savourer, leur en avait assez donné pour se rhabiller : dès qu’ils le furent, Courbelon, après les