Page:Mirbeau - Le Journal d’une femme de chambre.djvu/263

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Le romancier psychologue Maurice Fernancourt.

Le chroniqueur mondain Poult d’Essoy.

Les invitations furent lancées et, grâce à d’actives entremises, acceptées, toutes…

Seule, la comtesse Fergus hésita :

— Les Charrigaud ? dit-elle. Est-ce vraiment une maison convenable ?… Lui, n’a-t-il pas fait tous les métiers à Montmartre, autrefois ?… Ne raconte-t-on pas qu’il vendait des photographies obscènes, pour lesquelles il avait posé, avec des avantages en plâtre ?… Et elle, ne courait-il pas de fâcheuses histoires sur son compte ?… N’a-t-elle pas eu des aventures assez vulgaires avant son mariage ? Ne dit-on point qu’elle a été modèle… qu’elle a posé l’ensemble ? Quelle horreur ! Une femme qui se mettait toute nue devant des hommes… qui n’étaient même pas ses amants ?…

Finalement, elle accepta l’invitation quand on lui eut affirmé que Mme  Charrigaud n’avait posé que la tête, que Charrigaud, très vindicatif, serait bien capable de la déshonorer dans un de ses livres, et que Kimberly viendrait à ce dîner… Oh ! du moment que Kimberly avait promis de venir… Kimberly, un si parfait gentleman, et si délicat, et si charmant, tellement charmant !…

Les Charrigaud furent mis au courant de ces négociations et de ces scrupules. Loin de s’en formaliser, ils se félicitèrent qu’on eût mené à