Page:Mirbeau - Le Journal d’une femme de chambre.djvu/316

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— C’est M. Xavier… présenta Madame.

Je ne pus m’empêcher de m’écrier avec trop de chaleur, sans doute :

— Oh ! qu’il est beau garçon !

— Eh bien, eh bien, Mary ! fit Madame.

Je vis que mon exclamation ne l’avait pas fâchée… car elle avait souri.

— M. Xavier est comme tous les jeunes gens… me dit-elle. Il n’a pas beaucoup d’ordre… Il faudra que vous en ayez pour lui… et que sa chambre soit parfaitement tenue… Vous entrerez chez lui, tous les matins, à neuf heures… Vous lui porterez son thé… à neuf heures, vous entendez, Mary ?… Quelquefois M. Xavier rentre tard… Il vous recevra peut-être mal… mais, cela ne fait rien… Un jeune homme doit être réveillé à neuf heures.

Elle me montra où l’on mettait le linge de M. Xavier, ses cravates, ses chaussures, accompagnant chaque détail d’un :

— Mon fils est un peu vif… mais c’est un charmant enfant…

Ou bien :

— Savez-vous plier les pantalons ?… Oh ! M. Xavier tient à ses pantalons, par dessus tout.

Quant aux chapeaux, il fut convenu que je n’avais pas à m’en occuper et que c’était le valet de chambre à qui appartenait la gloire de leur donner le coup de fer quotidien.

Je trouvai extrêmement bizarre que, dans une