Page:Mirbeau - Les Écrivains (deuxième série).djvu/218

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combinaisons, et aussi avec de certains vaudevillistes, chez qui, du moins, l’indécence bien lavée, bien soignée, bien parfumée, se rachète par un intransigeant et farouche patriotisme. Et je me souviens que, quelques jours après la publication de mon livre, je rencontrai un de ces vaudevillistes… bon enfant… mais avec qui il ne faut pas plaisanter… Il était sincèrement indigné, et il me dit :

— Ah ! non, vous savez… je ne suis pas bégueule… et j’admets bien des choses… Mais ça… c’est trop raide… c’est trop dégoûtant !… Moi… je respecte le public… j’enveloppe !…

Il enveloppe, le brave garçon !… Ô mystère des cafés-concerts !…

Et pour que ma joie soit complète… voici que M. Albert Guillaume se mêle … M. Albert Guillaume le sympathique auteur de Bonshommes Guillaume — ah ! qu’ils sont donc Guillaume, ces bonshommes-là ! — et d’un tas de dessins où l’intention polissonne s’allie si franchement à la plus complète — hélas !… — ignorance du dessin… Brave cœur !… Il lui faut de la vertu aussi, à celui-là… et qu’elle soit gaie !… Dès qu’il y a de la douleur quelque part, et que cela ne se passe pas dans un livre, comme dans les Albums Guillaume et les revues de fin d’année, où la maison publique, avec ses bas noirs, ses chemises transparentes étoilées d’or, ses chairs peintes et ses lourdes sottises, descend et grouille sur la page et sur la scène…