Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/135

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le premier à réclamer la lumière, toute la lumière. Mais il y a là une question de principe : le gouvernement n’a pas le droit de demander leurs comptes aux établissements de charité… Alors ils s’imaginent que je vais la voter, leur abominable loi ?

Arnaud Tripier

Oh ! ils n’exigent pas tant !… Vous renonceriez seulement à votre tour de parole, je suppose.

Courtin, ironique.

Vraiment ?

Arnaud Tripier

On peut être forcé de faire un voyage. On peut être malade. On a bien le droit d’être malade.

Courtin, énergiquement.

Mais pas le droit de se déshonorer. Quand on porte le nom que je porte… qu’on est membre de l’Académie française… qu’on a l’honneur de représenter un département français… et le devoir de porter la parole au nom des intérêts les plus sacrés de la France !… Ah ! il faut qu’on me croie tombé bien bas pour oser me proposer un pareil marché.

Il marche… marche avec agitation. Un silence.
Arnaud Tripier, d’un ton pénétré.

Monsieur le sénateur… Rappelez-vous Leverrier… le pauvre Leverrier.

Courtin, criant.

Leverrier ! Leverrier !… un escroc !… un escroc ! C’était un escroc !

Arnaud Tripier

En êtes-vous bien sûr ? C’était un homme puissant, lui aussi.