Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/164

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Biron

Une misère ?… Vous êtes bon, vous.

Courtin

Voyons… mon ami… mon cher ami. Moi, Courtin… le baron Courtin… Ce serait épouvantable !

Biron

Je suis navré, parbleu !… je suis navré… mais tout cela ne fait pas que j’aie trois cent mille francs… à votre disposition…

Courtin

Vous avez tant d’argent !… Vous gagnez tant d’argent !

Biron

Naturellement, j’ai de l’argent… Tout le monde a de l’argent… mais personne n’en donne… On ne donne pas d’argent… comme ça… pour rien… pour le plaisir… Ma parole, vous êtes comme un enfant… On voit bien que vous n’en avez pas, vous !

Courtin, digne.

Ce n’est pas une honte…

Biron, vite.

Je ne dis pas ça… Mais comprenez donc que ce n’est pas possible… Vous ne savez pas… vous ne savez pas ce que c’est de ne pas en avoir… ne pas en avoir du tout… Et tout ce qu’on fait pour en avoir !… Donner de l’argent… ça n’a pas de sens… À partir de dix mille… de quinze mille francs… l’argent, ce n’est plus de l’argent… C’est des affaires…

Il remonte jusqu’à la cheminée.
Courtin

Allez ! allez ! Faites l’homme d’affaires… l’homme