Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/165

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intraitable… À vous entendre, on dirait que vous n’avez jamais obligé un ami… Et c’est moi qui vais vous rappeler tous les services que vous m’avez rendus !

Biron, se retournant.

Permettez !… Ah ! permettez !… Ce n’est plus la même chose…

Courtin, furieux.

Taisez-vous !… Qu’est-ce que vous allez ?… Mais taisez-vous donc !

Il remonte. Un silence.
Biron, criblant les chenets de coups de pieds.

C’est vous aussi qui me faites dire des bêtises…

Courtin, s’approchant, hors de lui.

Des bêtises ?… (De très près, à Biron, qui s’est retourné.) Cynique que vous êtes !… (le bras levé.) Une infamie !

Biron, qui a soutenu le regard furieux de Courtin.

Et puis après ? (Même attitude.) Allons, allons, les mots ne sont que des mots… Mettons que j’en ai dit quatre de trop… Ça s’oublie… (Suivant Courtin, qui s’éloigne,) Y a-t-il de quoi perdre la tête ?… Est-ce le moment ?… Songez donc plutôt à votre situation… (Changent de ton.) dont il faut sortir.

Courtin, se retournant, maître de lui et ricanant.

Mon cher, parce que vous m’avez vu un peu nerveux… je suis nerveux le matin… ça m’arrive… Parce que j’ai eu la puérilité de vous demander un service… On se trompe, voilà tout !… Mais ne vous mettez pas en peine… Mon pauvre Biron, nous sommes du monde, nous autres, depuis des siècles… et je savais déjà très bien comme il faut vivre (Se couvrant.), quand vous commenciez de gagner votre premier argent…