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Page:Mireille Havet Carnaval 1922.djvu/84

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À mesure qu’il s’éloigne, l’amour abandonné grandit, et le nouveau jour pâle monte aux vitres du train. C’est l’admirable Provence, les oliviers, les collines dures, les fermes au toit plat avec des cyprès.

Aube du Midi, tant d’amants en fuite regardèrent ton paysage avec passion.

Daniel ferme les yeux pour ne pas voir « que Germaine, que Paris sont loin ».

« Ah ! supplie-t-il, oui, oui, souffrir encore, souffrir par elle, mais retourner, en arrière. »


La villa s’adosse à la montagne, comme un voyageur assis, comme lui elle regarde la mer. Ses persiennes bleues se soulèvent au-dessus d’une véranda couverte de bougainvillées en fleurs.

Daniel a repris cette vie très heureuse avec sa maîtresse, dont la joie l’illuminait si profondément à Paris. Ils vivent à l’écart des villes et du carnaval, cependant il ne travaille pas, pas encore.

« Je peux de moins en moins écrire, je suis horriblement inquiet et nerveux. Germaine volontairement quittée ne doit plus être en cause.

N’était-elle pas la seule animatrice. Sans elle et ses tourments, je suis un enfant sans histoire. Les gens heureux n’ont pas d’histoire, que c’est triste. »

Germaine détient-elle en effet les clefs de son imagination. Ce serait un gage terrible. Il n’ose y croire, car sa vie divisée de telle sorte ne serait plus possible. Quelques jours après il écrit. :


« CHOISIR

« Des œillets m’empêchent de voir la mer. Qu’ils sont beaux ces œillets dont il pousse ici des champs entiers. Du rouge lumière au