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Page:Mireille Havet Carnaval 1922.djvu/86

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trop invisible à la fois, mascarade. Si c’est un masque, devant moi qui vous aime… que ne l’ôtez-vous, mais le masque est si collé à la figure, si collé, qu’on ne peut plus l’ôter, à peine en le soulevant peut-on sourire. L’amour profond pourrait seul l’arracher, car derrière son masque, ce n’est pas que l’on échappe à la douleur, mais cette douleur est cachée. Il n’y a entre le monde et soi, cet espace, d’une expression mensongère. Et puis, fragile danseur de corde, qui mérite donc la confidence de ta peur, le vertige qui est en toi, tandis qu’on t’applaudit, si haut, d’y sourire.

Le monde ne demande que la vue du plaisir, il aime qu’on se moque, pourvu qu’il puisse rire. Il aime tout ce qui clinque, chatoie, échappe, l’oiseau rapide, la source, les pantins. Je suis trop lourd en vérité, Seigneur, avec cette âme de plomb que vous m’avez donnée, pour affronter sans qu’ils crient leur tréteau de plumes, et c’est pourquoi, moi aussi, j’ai mis à mes talons des plumes, de grandes plumes qui balaient vos nuages voyageurs, et sur mon visage ce faux air ridicule de baladin sans cœur. »


Daniel, cette nuit-là, est bien près de Germaine, il lui envoie ces notes au fur et à mesure, et Germaine répond de bien tristes choses, car elle a tout compris. Elle ne peut plus rien pour lui. Elle sait qu’elle l’obsède et qu’il se répète ; mais est-il en sa puissance de le délivrer ? Il écrit encore :


« Un danger sommeille en moi, une ivresse qu’un mot lève et déchaîne comme l’étincelle dans la paille.

Les spectacles de la vie : Ses livres terribles, écrits par des hommes en proie aux tourments des sens et de la mort, sa nature dominante et impassible qui nous flagelle comme des chiens :