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REVUE DU MONDE MUSULMAN

ainsi, la nouvelle des victoires japonaises apparut comme l’annonce d’une délivrance, non seulement de l’Asie contre l’Occident, mais du non-chrétien contre le chrétien. Il était donc possible de secouer le joug, de sortir de l’infériorité.

De toutes parts, on se tourna vers le Japon. En Chine, les Musulmans ressentirent avec joie le contre-coup des victoires japonaises, et leur activité dans la fondation d’écoles, dans toutes les manifestations de la vie sociale, s’en trouva accrue ; mais cette activité se confond avec celle des autres Chinois de toute religion, emportés en ce moment par le vent des réformes. Là, l’action japonaise trouvait un terrain doublement favorable, bien que ce terrain soit peut-être celui où le gouvernement du Mikado soit le moins libre de ses mouvements.

I

La bonne nouvelle de la future délivrance circula dans tout le monde musulman, de Canton et du Yunnam à Singapore, de Madras à Téhéran ; en Arabie, en Égypte, plus loin même, peut-être en Afrique, et il en résulta un mouvement positif d’orientation des Musulmans de divers pays vers le Japon.

Des étudiants hindous s’acheminent vers le Japon, ce professeur moderne d’énergie. Des sociétés se cotisent pour faire les frais de voyage et de séjour des jeunes gens, espoir des rénovations futures, dans les diverses branches du savoir ; les uns vont dans les établissements d’enseignement supérieur, dans les Universités ; les autres se préparent au commerce et à l’industrie[1].

Le journal Roûzgâr[2] dit ainsi que cinquante-trois fils de riches familles musulmanes hindoues sont partis,

  1. Al-Lîwâ. 23 juin 1906.
  2. Al-Lîwâ. 6 août 1906.