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LE JAPON ET L’ISLAM

et le Mulk and Millut fait remarquer combien sont grands les avantages d’aller ainsi chercher la science dans les îles japonaises, car les frais de voyage et de séjour sont, au Japon, inférieurs de la moitié ou du quart à ce qu’ils sont lorsqu’on envoie un étudiant en Europe.

Les Japonais s’efforcent d’ailleurs de multiplier les voies d’accès vers leur pays ; ils viennent, par exemple, de décider la création d’une ligne directe de navigation entre Calcutta et Tokio. Ajoutons que, depuis la fin de la guerre russo-japonaise, les négociants musulmans de Calcutta sont en relations très suivies d’affaires avec le Japon[1]. Dernièrement on citait l’exemple d’un jeune Musulman, Mohammed Shafi, qui revenait dans l’Inde après avoir achevé au Japon son éducation technique. Il a fondé à Lyallpar une gazette en ourdou, San’at ou Hirfat (Art et Industrie), et désirerait y ouvrir une école technique[2]. Aussi bien est-ce aux Indes qu’a pris naissance le curieux projet de conversion du Japon à l’Islam, dont nous parlerons plus loin. Après Sar Afrâz Hoseïn Khan, parti il y a près de deux ans pour ce pays, dans le double but d’en apprendre la langue et d’y propager l’Islamisme, ce serait le tour d’un Anglais islamisé, ’Abdar-Rahmân,ci-devantsirThomson(?).

En Perse également, l’exemple du Japon se transformant en quelques années et étonnant le monde par sa force militaire, a contribué à modifier l’ancien état d’esprit.

« Désireuse, dit un important journal persant[3], le Habl oul-Matîn de Calcutta, de devenir aussi puissante que le Japon et de sauvegarder son indépendance nationale, la Perse doit faire cause commune avec lui. Une alliance devient nécessaire. Il faut un ambassadeur du Japon à Téhéran. Pour réorganiser l’armée, on devra prendre des instructeurs japonais de préférence à ceux de toute autre nation.

  1. Ikdam, 18 mai 1906.
  2. Mulk and Millut, 17 juillet 1906.
  3. Habl oul-Matîn, 6 juin 1906.