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REVUE DU MONDE MUSULMAN

De toute évidence, si le Japon a réellement de vastes ambitions en Asie, l’Islam pourra devenir pour lui un allié puissant, mais on ne peut dire encore qu’il existe dès maintenant officiellement, ouvertement, une politique musulmane japonaise.

IV

Les perspectives, qui se dessinaient de part et d’autre, ont paru un moment prendre corps, avec une rapidité inattendue, par le Congrès des Religions, dont la réunion à Tokio avait été bruyamment annoncée pour le mois d’août, par toute la Presse musulmane. Pour les lecteurs des journaux arabes, turcs, persans et tartares, il était entendu que le but du Congrès devait être de déterminer la meilleure religion, afin que le Japon pût l’adopter. L’Islam était tout indiqué. On voyait même déjà le Mikado converti. Mais si les nouvelles sensationnelles répandues à ce sujet, pendant des mois, témoignent, en tout cas, des espérances un peu crédules de quelques milieux musulmans, elles ne fournissent pas de renseignements positifs sur les vues réelles du Japon.

Le silence qui s’est fait depuis l’époque fixée pour l’ouverture du Congrès sur l’œuvre qui devait s’y accomplir peut être caractérisé par deux citations. En juin[1], le Mouayyad annonçait que M. Samouraka, le troisième secrétaire du Congrès, avait envoyé une des premières invitations au Terdjumàn de Baghtchè-Séraï, si influent parmi les Musulmans de la Russie méridionale. Pour être sûr que le journal ne manquerait pas de déléguer un représentant à Tokio, le Gouvernement japonais faisait les frais du voyage, outre une allocation de quinze roubles par jour.

  1. 9 juin 1906.