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LE MOUVEMENT SWADÊÇÎ


La politique du gouvernement anglais dans l’Inde n’a pas sensiblement changé, depuis que sa domination s’y est définitivement établie. Le principal, pour ne pas dire le réel danger qui la menace, est la constitution de l’unité indigène, de la nationalité hindoue. Que pourraient contre 300 millions d’hommes unis toutes les forces de l’Angleterre ? Aussi, après avoir supprimé l’unité administrative, d’ailleurs très factice, et l’unité du langage officiel établies par les Mongols, les Anglais n’ont-ils rien fait pour diminuer les rivalités de castes, de races, de religions ; les deux grands partis entre lesquels se répartissent les Indiens ont eu, l’un après l’autre, et suivant le cas, les faveurs et l’appui du gouvernement. En 1857, les Hindous sont devenus loyaux et fidèles. Aujourd’hui, les Musulmans sont les plus fermes défenseurs de l’empire contre les velléités d’indépendance des Hindous. Il s’est produit, depuis cinquante ans, un double courant inverse : les Hindous, instruits par les Anglais, s’inspirent de plus en plus des idées d’indépendance de l’Occident ; les Musulmans espèrent avec les faveurs gouvernementales recouvrer la primauté perdue il y a un siècle et demi. Aussi déploient-ils une activité extraordinaire et excitent-ils de plus en plus l’animosité des indigènes brahmanites.

Cette animosité a amené de la part des Hindous, au Bengale, le mouvement swadêçî, dont, en Europe, on n’a pas toujours bien compris le caractère.

Ce mot swadêçî (les Anglais écrivent swadeshi) a été tra-