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H. MOISSAN.

pur, ne colorant pas une solution de pyrogallate de potasse.

Ce qui nous a frappé tout d’abord, dans cette expérience, c’est que, après quinze minutes, après soixante minutes, un courant de 35 ampères passait avec la même facilité ; la décomposition était continue. Nous étions loin déjà de nos premières expériences sur le fluorure d’arsenic.

L’appareil fut démonté une heure plus tard ; le bouchon de liège enduit de paraffine qui se trouvait fermer la branche négative et qui avait été en contact d’hydrogène saturé de vapeurs d’acide fluorhydrique était absolument intact. L’autre bouchon, au contraire, était carbonisé sur une profondeur d’au moins 1cm. Cette expérience me parut très concluante ; il s’était dégagé au pôle positif un gaz qui avait agi sur le liège d’une façon beaucoup plus active que le chlore, qui l’avait détruit pour s’emparer de l’hydrogène. L’électrode positive de platine était fortement corrodée, mais la partie annulaire du tube de platine se trouvant au-dessus du niveau de l’acide fluorhydrique ne paraissait pas endommagée. La tige de platine du pôle négatif n’avait pas été attaquée ; on distinguait très bien à sa surface les stries parallèles dues à la filière.

Évidemment un corps gazeux doué de propriétés énergiques avait été produit au pôle positif. J’arrivai ainsi, après trois années de recherches, à la première expérience importante sur l’isolement du fluor.

Je fis faire aussitôt des bouchons en fluorine, qui entraient à frottement doux dans les branches du tube et qui laissaient passer suivant leur axe les électrodes de platine. Lorsque ces bouchons étaient ajustés, on les enduisait de gutta-percha fondue. Le tube en U contenant de l’acide fluorhydrique comme précédemment, l’expérience fut répétée. Le courant passa tout aussi bien ; mais, après quelques minutes, la gutta-percha, qui se trouvait