Le connaissez-vous, monsieur, ce don Juan dont vous parlez ?
Non, quant à moi. Je ne l’ai jamais vu, et je l’ai seulement ouï dépeindre à mon frère ; mais la renommée n’en dit pas force bien, et c’est un homme dont la vie…
Arrêtez, monsieur, s’il vous plaît. Il est un peu de mes amis, et ce serait à moi une espèce de lâcheté que d’en ouïr dire du mal.
Pour l’amour de vous, monsieur, je n’en dirai rien du tout, et c’est bien la moindre chose que je vous doive, après m’avoir sauvé la vie, que de me taire devant vous d’une personne que vous connaissez, lorsque je ne puis en parler sans en dire du mal ; mais, quelque ami que vous lui soyez, j’ose espérer que vous n’approuverez pas son action, et ne trouverez pas étrange que nous cherchions d’en prendre la vengeance.
Au contraire, je vous y veux servir, et vous épargner des soins inutiles. Je suis ami de don Juan, je ne puis pas m’en empêcher ; mais il n’est pas raisonnable qu’il offense impunément des gentilshommes, et je m’engage à vous faire faire raison par lui.
Et quelle raison peut-on faire à ces sortes d’injures ?
Toute celle que votre honneur peut souhaiter ; et, sans vous donner la peine de chercher don Juan davantage, je m’oblige à le faire trouver au lieu que vous voudrez, et quand il vous plaira.
Cet espoir est bien doux, monsieur, à des cœurs offensés ; mais, après ce que je vous dois, ce me serait une trop sensible douleur que vous fussiez de la partie.
Je suis si attaché à don Juan, qu’il ne saurait se battre
situation fort intéressante qu’il développe dans la scène suivante, et dont l’idée est encore empruntée aux Espagnols.