Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/198

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Philinte
Mais quoi… Je n’entends rien. Mais…


Alceste
Mais quoi… Je n’entends rien. Mais… Encore !


Philinte
445Mais quoi… Je n’entends rien. Mais… Encore ! On outrage…


Alceste
Ah ! parbleu ! c’en est trop. Ne suivez point mes pas.


Philinte
Vous vous moquez de moi. Je ne vous quitte pas.


Fin du premier acte


ACTE II


Scène 1

Alceste, Célimène.


Alceste
Madame, voulez-vous que je vous parle net ?

De vos façons d’agir je suis mal satisfait :
Contre elles dans mon cœur trop de bile s’assemble,
450Et je sens qu’il faudra que nous rompions ensemble :
Oui, je vous tromperais de parler autrement ;
Tôt ou tard nous romprons indubitablement ;
Et je vous promettrais mille fois le contraire,
Que je ne serais pas en pouvoir de le faire.

Célimène
455C’est pour me quereller donc, à ce que je voi,

Que vous avez voulu me ramener chez moi ?

Alceste
Je ne querelle point. Mais votre humeur, madame,

Ouvre au premier venu trop d’accès dans votre âme[1].

  1. Dans la première scène de l’acte premier, Alceste dit à Philinte :
    Non, non, il n’est point d’âme un peu bien située
    Qui veuille d’une estime ainsi prostituée ;
    Et la plus glorieuse a des régals peu chers,
    Dés qu’on voit qu’on nous mêle avec tout l’univers.
    Ainsi Alceste a montré à son ami les mêmes délicatesses qu’il laisse voir tel à sa maîtresse.
    (Aimé Martin.)