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Célimène
Qu’injustement de lui vous prenez de l’ombrage !
Et que dans mon procès, ainsi qu’il m’a promis,
Il peut intéresser tout ce qu’il a d’amis ?
Alceste
Perdez votre procès, madame, avec constance,Et ne ménagez point un rival qui m’offense.
Célimène
Mais de tout l’univers vous devenez jaloux.
Alceste
C’est que tout l’univers est bien reçu de vous.
Célimène
C’est ce qui doit rasseoir votre âme effarouchée,Puisque ma complaisance est sur tous épanchée ;
Et vous auriez plus lieu de vous en offenser,
Si vous me la voyiez sur un seul ramasser.
Alceste
Mais moi, que vous blâmez de trop de jalousie,Qu’ai-je de plus qu’eux tous, madame, je vous prie ?
Célimène
Le bonheur de savoir que vous êtes aimé.
Alceste
Et quel lieu de le croire a mon cœur enflammé ?
Célimène
Je pense qu’ayant pris le soin de vous le dire,Un aveu de la sorte a de quoi vous suffire.
Alceste
Mais qui m’assurera que, dans le même instant,Vous n’en disiez, peut-être, aux autres tout autant ?
Célimène
Certes pour un amant la fleurette est mignonne ;
Hé bien ! pour vous ôter d’un semblable souci,
De tout ce que j’ai dit je me dédis ici ;
Et rien ne saurait plus vous tromper que vous-même :
Soyez content.
- Un compliment sur sa mantille,
- Et des bonbons à la vanille
- Par un beau soir de carnaval.
- (Alfred de Musset.)