Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/519

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saurait haïr peut-il vouloir qu’on meure ?

Jupiter
Et moi, je ne puis vivre, à moins que vous quittiez
Cette colère qui m’accable,
Et que vous m’accordiez le pardon favorable
Que je vous demande à vos pieds.
Résolvez ici l’un des deux :
Ou de punir, ou bien d’absoudre.

Alcmène
Hélas ! ce que je puis résoudre
Paraît bien plus que je ne veux.
Pour vouloir soutenir le courroux qu’on me donne,
Mon cœur a trop su me trahir :
Dire qu’on ne saurait haïr,
N’est-ce pas dire qu’on pardonne ?

Jupiter
Ah ! belle Alcmène, il faut que, comblé d’allégresse…

Alcmène
Laissez : je me veux mal de mon trop de faiblesse.

Jupiter
Va, Sosie, et dépêche-toi,
Voir, dans les doux transports dont mon âme est charmée,
Ce que tu trouveras d’officiers de l’armée,
Et les invite à dîner avec moi.
Tandis que d’ici je le chasse,
Mercure y remplira sa place.
Scène 7
Cléanthis, Sosie.

Sosie
Hé bien ! tu vois, Cléanthis, ce ménage :
Veux-tu qu’à leur exemple ici
Nous fassions entre nous un peu de paix aussi,
Quelque petit rapatriage ?

Cléanthis
C’est pour ton nez, vraiment ! Cela se fait ainsi.

Sosie
Quoi ? tu ne veux pas ?

Cléanthis
Quoi ? tu ne veux pas ? Non.

Sosie
Quoi ? tu ne veux pas ? Non.