Quement ? qu’est-ce que c’est donc qu’iglia ?
Iglia que tu me chagraignes l’esprit, franchement.
Et quement donc ?
Tétiguienne, tu ne m’aimes point.
Ah ! ah ! n’est-ce que ça ?
Oui, ce n’est que ça, et c’est bian assez.
Mon Guieu, Piarrot, tu me viens toujou dire la même chose.
Je te dis toujou la même chose, parce que c’est toujou la même chose ; et, si ce n’était pas toujou la même chose, je ne te dirais pas toujou la même chose.
Mais, qu’est-ce qu’il te faut ? Que veux-tu ?
Jerniquienne ! je veux que tu m’aimes.
Est-ce que je ne t’aime pas ?
Non, tu ne m’aimes pas, et si, je fais tout ce que je pis pour ça. Je t’achète, sans reproche, des rubans à tous les marciers qui passont ; je me romps le cou à t’aller dénicher des marles ; je fais jouer pour toi les vielleux quand ce vient ta fête ; et tout ça, comme si je me frappais la tête contre un mur. Vois-tu, ça n’est ni biau ni honnête de n’aimer pas les gens qui nous aimont.
Mais, mon Guieu, je t’aime aussi.
Oui, tu m’aimes d’une belle dégaine !
Quement veux-tu donc qu’on fasse ?