Je veux que l’en fasse comme l’en fait, quand l’en aime comme il faut.
Ne t’aimé-je pas aussi comme il faut ?
Non. Quand ça est, ça se voit, et l’en fait mille petites singeries aux personnes quand on les aime du bon du cœur. Regarde la grosse Thomasse, comme elle est assotée du jeune Robain ; alle est toujou autour de li à l’agacer, et ne le laisse jamais en repos. Toujou al li fait queuque niche, ou li baille quelque taloche en passant ; et l’autre jour qu’il était assis sur un escabiau, al fut le tirer de dessous li, et le fit choir tout de son long par tarre. Jarni, vlà où l’en voit les gens qui aimont ; mais toi, tu ne me dis jamais mot, t’es toujou là comme eune vraie souche de bois ; et je passerais vingt fois devant toi, que tu ne te grouillerais pas pour me bailler le moindre coup, ou me dire la moindre chose. Ventreguienne ! ça n’est pas bian, après tout ; et t’es trop froide pour les gens.
Que veux-tu que j’y fasse ? c’est mon himeur, et je ne me pis refondre.
Ignia himeur qui quienne. Quand en a de l’amiquié pour les personnes, l’en en baille toujou queuque petite signifiance.
Enfin, je t’aime tout autant que je pis ; et si tu n’es pas content de ça, tu n’as qu’à en aimer queuque autre.
Hé bian ! vlà pas mon compte ? Tétigué ! si tu m’aimais, me dirais-tu ça ?
Pourquoi me viens-tu aussi tarabuster l’esprit ?
Morgué ! queu mal te fais-je ? Je ne te demande qu’un peu d’amiquié.
Hé bien ! laisse faire aussi, et ne me presse point tant. Peut-être que ça viendra tout d’un coup sans y songer.