Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/387

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Le théâtre devient un autre palais magnifique, coupé dans le fond par un vestibule, au travers duquel on voit un jardin superbe et charmant, décoré de plusieurs vases d'orangers, et d'arbres chargés de toutes sortes de fruits.

IV




ACTE IV, SCÈNE PREMIÈRE

AGLAURE, CIDIPPE.

AGLAURE
Je n'en puis plus, ma sœur, j'ai vu trop de merveilles,
L'avenir aura peine à les bien concevoir,
1280 Le soleil qui voit tout, et qui nous fait tout voir,
N'en a vu jamais de pareilles.
Elles me chagrinent l'esprit,
Et ce brillant palais, ce pompeux équipage,
Font un odieux étalage
1285 Qui m'accable de honte autant que de dépit.
Que la Fortune indignement nous traite,
Et que sa largesse indiscrète
Prodigue aveuglément, épuise, unit d'efforts,
Pour faire de tant de trésors
1290 Le partage d'une cadette!

CIDIPPE
J'entre dans tous vos sentiments,
J'ai les mêmes chagrins, et dans ces lieux charmants
Tout ce qui vous déplaît, me blesse;
Tout ce que vous prenez pour un mortel affront
1295 Comme vous m'accable et me laisse
L'amertume dans l'âme, et la rougeur au front.

AGLAURE
Non, ma sœur, il n'est point de reines,
Qui dans leur propre État parlent en souveraines,
Comme Psyché parle en ces lieux.
1300 On l'y voit obéie avec exactitude,
Et de ses volontés une amoureuse étude
Les cherche jusque dans ses yeux.
Mille beautés s'empressent autour d'elle,