Page:Molière - Œuvres complètes, Garnier, 1904, tome 02.djvu/33

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Voilà votre parti fortifié d’un grand défenseur.

Moron
Ma foi, Madame, je crois qu’après mon exemple il n’y a plus rien à dire, et qu’il ne faut plus mettre en doute le pouvoir de l’Amour. J’ai bravé ses armes assez longtemps, et fait de mon drôle comme un autre ; mais enfin ma fierté a baissé l’oreille, et vous avez une traîtresse qui m’a rendu plus doux qu’un agneau : après cela, on ne doit plus faire aucun scrupule d’aimer, et puisque j’ai bien passé par là, il peut bien y en passer d’autres.

Cynthie
Quoi ? Moron se mêle d’aimer ?

Moron
Fort bien.

Cynthie
Et de vouloir être aimé ?

Moron
Et pourquoi non ? Est-ce qu’on n’est pas assez bien fait pour cela ? Je pense que ce visage est assez passable, et que pour le bel air, Dieu merci, nous ne le cédons à personne.

Cynthie
Sans doute, on aurait tort…


Scène 3

Lycas, La Princesse, Aglante, Cynthie, Philis, Moron.

Lycas
Madame, le prince votre père vient vous trouver ici, et conduit avec lui les princes de Pyle, et d’Ithaque, et celui de Messène.

La Princesse
Ô Ciel ! que prétend-il faire en me les amenant ? Aurait-il résolu ma perte, et voudrait-il bien me forcer au choix de quelqu’un d’eux ?


Scène 4

Le Prince, Euryale, Aristomène, Théocle, La Princesse, Aglante, Cynthie, Philis, Moron.

La Princesse
Seigneur, je vous demande la licence de prévenir par deux paroles la déclaration des pensées que vous pouvez avoir.