Page:Molière - Œuvres complètes, Garnier, 1904, tome 02.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

j’ai toutes les envies du monde de l’engager pour rabattre un peu son orgueil.

Moron
Ma foi, Madame, vous ne feriez pas mal, il le mériterait bien : mais à vous dire vrai, je doute fort que vous y puissiez réussir.

La Princesse
Comment !

Moron
Comment ! C’est le plus orgueilleux petit vilain que vous ayez jamais vu. Il lui semble qu’il n’y a personne au monde qui le mérite, et que la terre n’est pas digne de le porter.

La Princesse
Mais encore, ne t’a-t-il point parlé de moi ?

Moron
Lui ? non.

La Princesse
Il ne t’a rien dit de ma voix, et de ma danse ?

Moron
Pas le moindre mot.

La Princesse
Certes ce mépris est choquant, et je ne puis souffrir cette hauteur étrange de ne rien estimer.

Moron
Il n’estime, et n’aime que lui.

La Princesse
Il n’y a rien que je ne fasse, pour le soumettre comme il faut.

Moron
Nous n’avons point de marbre dans nos montagnes qui soit plus dur et plus insensible que lui.

La Princesse
Le voilà.

Moron
Voyez-vous comme il passe, sans prendre garde à vous ?

La Princesse
De grâce, Moron, va le faire aviser que je suis ici, et l’oblige à me venir aborder.


Scène 4

La Princesse, Euryale, Moron, Arbate.

Moron
Seigneur, je vous donne avis que tout va bien. La