Page:Molière - Œuvres complètes, Garnier, 1904, tome 02.djvu/50

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que vous m’accordiez : le prince d’Ithaque vous aime, et veut vous demander au prince mon père.

Aglante
Le prince d’Ithaque, Madame ?

La Princesse
Oui. Il vient de m’en assurer lui-même, et m’a demandé mon suffrage pour vous obtenir, mais je vous conjure de rejeter cette proposition, et de ne point prêter l’oreille à tout ce qu’il pourra vous dire.

Aglante
Mais, Madame, s’il était vrai que ce prince m’aimât effectivement, pourquoi n’ayant aucun dessein de vous engager, ne voudriez-vous pas souffrir…

La Princesse
Non, Aglante, je vous le demande, faites-moi ce plaisir, je vous prie, et trouvez bon que n’ayant pu avoir l’avantage de le soumettre, je lui dérobe la joie de vous obtenir.

Aglante
Madame, il faut vous obéir ; mais je croirais que la conquête d’un tel cœur ne serait pas une victoire à dédaigner.

La Princesse
Non, non, il n’aura pas la joie de me braver entièrement.


Scène 4

Aristomène, Moron, La Princesse, Aglante.

Aristomène
Madame, je viens à vos pieds rendre grâce à l’Amour de mes heureux destins, et vous témoigner avec mes transports, le ressentiment où je suis, des bontés surprenantes dont vous daignez favoriser le plus soumis de vos captifs.

La Princesse
Comment ?

Aristomène
Le prince d’Ithaque, Madame, vient de m’assurer tout à l’heure, que votre cœur avait eu la bonté de s’expliquer en ma faveur, sur ce célèbre choix qu’attend toute la Grèce.

La Princesse
Il vous a dit qu’il tenait cela de ma bouche ?

Aristomène
Oui, Madame.

La Prince