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LIVRE II, CHAP. IV

sins Conquête de Véies.du nord : pour eux il ne s’agit plus seulement de guerroyer contre Véies ; ils veulent se rendre maîtres des villes. Les guerres Véienne, Capénate et Falisque, ont duré dix ans, dit-on, comme le siège de Troie : les détails en sont peu connus. La légende et la poésie s’en sont emparées comme de juste. On combattit avec un acharnement prodigieux : le prix de la victoire était tout autre qu’au temps passé. Pour la première fois, on vit les légions romaines passer l’année entière, été et hiver, sous les armes, et tenir la campagne jusqu’à la fin de la guerre : pour la première fois l’État paya, des deniers publics une solde fixe aux milices. Mais c’était aussi la première fois que les Romains tentaient de s’assujettir un peuple de race étrangère, et qu’ils poussaient leurs conquêtes au delà des anciennes limites du pays Latin. La lutte fut grandiose : mais on ne pouvait douter de son issue. Appuyés par les Latins et les Herniques, aussi intéressés qu’eux-mêmes à la chute de leurs redoutables voisins, les Romains enlevèrent successivement Véies, laissée seule à se défendre par presque toute l’Étrurie, et qui ne trouva d’aide que dans les deux ou trois cités voisines Capène, Faléries et Tarquinies[1]. Faut-il attribuer à l’invasion gauloise l’indifférence des cités du nord ? L’explication ne serait pas suffisante pour une telle faute : aussi raconte-t-on, et nous sommes disposés à le croire, que des dissensions intérieures agitaient alors la confédération des villes Étrusques, où des gouvernements tout aristocratiques faisaient une opposition jalouse au système monarchique conservé ou restauré chez les Véiens ; et que, dans cet état des choses, les Étrusques assistèrent inactifs à la ruine de leurs compatriotes. Que s’ils avaient pu ou voulu prendre part à la lutte, Rome, ce semble,

  1. [Capène, auj. Civitella, entre le Tibre et Véies, — Faléries, auj. Civita-Caslellana, — Tarquinies, auj. Corneto, au nord de Civita-Vecchia.]