Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 3.djvu/184

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_ iso _ ' LIVRE Ill, CHAPITRE V si nécessaire, tout en maintenant en face d’Hannibal son opiniâtre défensive, il avait aussi envenimé les dissentiments entre lui—même et son· second. Alors 'fut brisée dans ses mains là dictature, cet instrument de salut transmis au Sénat par la sagesse des ancê-I . · tres ; alors, et par une voie indirecte si l'on veut, la journée et les malheurs de Cannes. Pourtant ni Quin- .tus_Fabius, ni Marcus Varron n’étaient`en réalité les _ auteurs de la foudroyaute catastrophe; elle eut sa cause I dans l‘hostilité et les méfiances entre gouvernants et gouvernés, entre le corps délibérant et l’assemblee du - peuple. Donc il fallait, pour le salut de l’État et le réta- · blissement_de la puissance 1·omaine, commencer pa1· rétablir l’union et la confiance publiques. Le Sénat, c'est ‘ I là son glorieux et impérissable titre d' honneur, le Sénat vit clairement les choses; et ce qui était plus difficile, il agit. Il agit avec décision, foulant auxpieds tous les obstacles, et les récriminations mêmes, justes en soi. Quand Varron, seul de tous les chefs de l'armée, rentra dans Rome après la bataille, les sénateurs allèrent au- devant de lui jusqu’aux portes de la ville, le remer- * ciant de n’avoir pas désespéré de la patrie! Et ce n’était . là ni grands mots, ni vaine jactance pour pallier la mi`- sère des temps; ce 11'était pas non plus ironie malséante · envers le triste général! C’était la paix conclue entre le pouvoir gouvernant et le peuple. Les périls du moment, ` l'appel sérieux du Sénat à la concorde mi1·ent lin à tous ` les commérages du Forum; on ne songea plus qu’à se tirer tous ensemble d'afl`aire. Quintus Fabius, dontl’opi- niâtre constancefut alors plus utile que tous ses faits de guerre , tous les sénateurs notables avec lui, s'employè— rent au salut commun, et redonnèrent au peuple la cou- ` fiance en lui-même et en `l’avenir. Le Sénat garda jus- qu'au bout la même fermeté d`attitude, alors que de --tous côtés arrivaient des messagers annonçant des dé-