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GUERRE CONTRE ANTIOCHUS EN ASIE
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anciennes villes libres, comme Rhodes et Cyzique, et qu’il se contentera dans les autres de la reconnaissance purement nominale de sa souveraineté; ajoutant même qu’il est prêt, à cet égard, à s'en remettre à la décision des Rhodiens, comme arbitres. Dans la Grèce d'Europe il était sûr du concours des Étoliens, et il espérait bien faire reprendre les armes à Philippe. Il donne son approbation royale aux plans qu’Hannibal lui a soumis. Il lui fournira une flotte de cent voiles, et une armée de dix mille hommes de pied avec mille cavaliers, pour aller à Carthage rallumer une troisième guerre punique, et même pour faire une seconde descente en Italie. Des émissaires tyriens sont expédiés à Carthage afin d’y préparer la nouvelle levée de boucliers (p. 269). On comptait de plus sur le succès de l’insurrection qui mettait toute l’Espagne en feu au moment où Hannibal avait quitté sa patrie (p. 279).
Ainsi se préparait de longue main un immense orage contre RomeManœuvres des coalitions contre Rome.: mais comme toujours, ce furent encore les Hellènes, les plus impuissants parmi ceux de ses ennemis appelés à prendre part à l’entreprise, qui témoignèrent de la plus fiévreuse impatience. Les Étoliens, dans leur irascibilité et leur forfanterie, se prirent à croire qu’eux seuls, et non Rome, avaient su vaincre Philippe. Ils n'attendirent pas l'arrivée d’Antiochus en Grèce. Rien ne caractérise mieux leur politique que la réponse de leur stratége à Flamininus, quand celui-ci les sommait d’avoir à déclarer franchement la guerre à Rome : « Cette déclaration de guerre, je la porterai moi-même, en allant camper sur les bords du Tibre à la tête de l’armée étolienne! » Les Étoliens se firent les fondés de pouvoirs du roi syrien en Gréce: mais ils trompèrent tout le monde: Antiochus, en lui faisant croire que tous les Grecs voyaient en lui leur libérateur et lui tendaient les bras; les Grecs, ou ceux