Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 5.djvu/44

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40 LIVRE IV, CHAPITRE II . les débuts mais la En des libertés-: on était loin de la vraie ~ démocratie; on- touchait à l’empire monarchique. Caton et n ses amis avaient fait sagement, au siècle précédent, en ne Q ‘ voulant point -apporter de semblables rogations au vote populaire, en les maintenant dans les attributions sénato- I riales (IV, p. 85). Aussi, les contemporains de Gracchus, les hommes du cercle des Scipions considéraient-ils la loi , 232 av. J.·c. agraire Flamimemze, de 522, comme le premier pas dans une voie dangereuse, comme le point de départ de la dé- , cadence romaine. C’est pour cela qu’ils regardèrent tomber, I V A sans le défendre, 1’auteur du partage des terres domaniales; c'est pour cela qu’ils·virent, dans la catastrophe terrible où il périt, un frein mis à de telles tentatives, tout en persé- verant eux-memes avec énergie dans l’utile mesure des assignations nouvelles. Telle était la misère de la situation que des patriotes excellents, condamnés a l’hypocrisie la . plus lamentable, abandonnaient à la fois le criminel à son · sort, et s’appropriaient les profits du crime! C’est pour cela encore qu’ils n’étaient pas tout à fait hors de la · vérité, ceux des ennemis de Tiberius qui l’accusèrent de prétendre à la royauté. Mais, dit-on, cette ambition ne germa jamais dans son espritl A le justifier ainsi, on l’ac- ·· cuse de nouveau. Les vices du regime aristocratique étaient tels que s’i1 avait été au pouvoir d’un seul de renverser le Sénat et se mettre à sa place, il eùt rendu service à la ' Résultats. République peut-étre, loin qu’il lui eût nui. Mais pour cela faire, il fallait un hardi joueur : or Tiberius Gracchus n’était rien autre chose qu’un homme de capacité mé- ` _ diocre. Patriote, conservateur, et voulant le bien au fond, _ il ne sut pas mesurer la portée de son entreprise : croyant appeler à lui le peuple, il.souleva la multitude: il mettait, ` sans le savoir, la main sur la couronne; puis, un beau , jour, emporté par l’inexorable logique des faits dans les ` sentiers de la démagogie et de la·tyrannie, il encommis- I siomza la loi agraire_dans sa famille; força les caisses du A trésor public; sous le coup de la nécessité et de la peur,