Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/149

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efféminées d’un petit maître: le `mot de Sylla, qui voyait plusieurs Marius se cacher sous sa tunique mal rattachée *, tout cela le recommandait puissamment aux yeux des _ démocrates. Mais César n’offrait encore de prise qu’aux espérances, et dans l’avenir : pour le présent, les hommes que leur àge ou leur position dans le Sénat eut appelés à gouverner le parti et a se rendre maîtres du gouvernement, étaient tous morts ou en exil. A défaut d’homme appelé à ce grand role, la conduite de la démocratie appartenait donc au premier qui voudrait se poser en représentant des démocrates opprimés ; et c’est ainsi qu’elle échut à Marcus Aîmilius Lepidus, ancien Syllanien, passé dans le camp populaire pour d’assez équivoques motifs. D’abord optimale ardent, enchérisseur assidu aux ventes des biens des proscrits, durant son proconsulat de Sicile il avait commis d’ignobles rapines. Une accusation paraissant imminente, il se jeta, pour y échapper, dans l’opposition. Le gain pour celle-ci était de valeur douteuse. Il lui apportait sans doute le secours de son nom, de son importance, de sa vive parole dans les luttes du Forum : il n’en était pas moins un homme sans talent sérieux, une tète sans cervelle, et ne méritait le premier rang ni à l’armée ni dans les conseils de la cité. L’opposition le tint cependant pour le bienvenu. Devant le nouveau meneur populaire, les accusateurs effrayés reculèrent : l’accusation commencée tomba. Il réussit même à se faire élire consul pour 676: gràce a son or extorqué en Sicile, gràce surtout a l’appui vraiment étrange qu’il alla demander à Pompée, il fit voir dans cette occasion à Sylla et aux Syllaniens purs ce dont il était capable. A l’heure ou Sylla mourut, l’opposition avait donc son chef en la personne de Lépidus; et comme ce chef en même temps occupait la magistrature suprême, on pouvait prédire à coup sur l’explosion prochaine d’une révolution nduvelle dans la capitale.

[UI male prœcinclum puerum cuverenl (Sue!. Cœs. 42).]