Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/150

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146 · LIVRE V, CHAPITRE 1 '— I · Liémigmtton Mais l’agitation des émigrés démocrates en Espagne `"` ESP"g°°` avait devancé la révolte du parti dans Rome. Quintus Ser- -S¤rt¤ri¤s· torius en était l'àme. Get homme remarquable, né à Nursia · , [auj. Norcia] 'dans la Sabine, avait le cœur ouvert aux sentiments tendres, et celameme jusqu’a la faiblesse. Qui ne sait son amour enthousiaste pour sa mere Rhœa? En meme temps sa bravoure chevaleresque _lui avait valu de glorieuses cicatrices rapportées des guerres cimbriques, espagnoles et italiennes. Discoureur sans tradition d’école,. · il étonnait les avocats les plus habiles par le naturel facile et coulant de sa parole, et la sûreté émouvante de ses _ moyens oratoires. Dans la guerre de la révolution si misé- rablement, si absurdement conduite par les démocrates, il · avait trouvé l’occasion de manifester, contraste éclatant et ` honorable, un génie éminent de capitaine et d’homme ‘ d’Etat: de l’aveu de tous, il était le seul officier du parti qui sut préparer et mener la guerre : il était le seul poli- tique aussi qui's’opposàt avec une sage energie aux excès · et aux fureurs démagogiques. Ses soldats d'Espagne le saluaient du nom de « nouvel Hannibal, » non pas seule- ment parce qu'il avait perdu un œil dans les combats, I mais parce qu’en effet il faisait revivre la méthode ingé- nieuse et hardie tout ensemble du grand Garthaginois, sa merveilleuse adresse à nourrir la guerre par la guerre, son talent à entrainer les peuples étrangers dans ses intérêts, à les faire servir il son but, son sang-froid dans la bonne et`la mauvaise fortune, sa rapidité inventive à tirer parti · de ses victoires, ou à détourner les conséquences fatales de ses défaites. Il semble douteux que jamais homme d’État romain des siècles anciens ou contemporains ait égalé les mérites universels de Sertorius. Gontraint par les généraux ‘ _ de Sylla à seiréfugier en Espagne (V, pp. 340, 344), il ` ' avait mené d’abord une vie d’aventures, errant sur les côtes de la Péninsule et d’Afrique, tantôt en alliance , tantôt en guerre avec les pirates ciliciens établis aussi dans ces — parages, et avec les chefs des tribus nomades de la Libye.