Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/158

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'( 154 LIVRE V, CHAPITRE I _ violence : en Étrurie, l'éternel foyer des insurrections des prolétaires ·italiens, la guerre civile fit explosion. Les Fésulans expropriés se remirent à main armée en posses~ sionde leurs anciens biens, et dans Véchauifourée périrent bon nombre des vétérans dotés par Sylla. A la nouvelle de . ces désordres le Sénat résolut d’envoyer les deux consuls sur les lieux, Ils y devaient appeler les milices et écraser les i·évoltés*. On ne pouvait plus maladroitement agir. A rétablir les lois sur les céréales, le Sénat trahissait sa fai- blesse et ses inquiétudes en face de l’insurrection : à vou- loir écarter à tout prix les tumultes de la rue, il donnait une armée au chef notoire de cette meme insurrection. Enfin n'allait—on pas jusqu'à faire jurer les deux consuls, _ aux termes du plus solennel serment qui so put imaginer, de ne pas tourner l'un contre l'autre les armes que leur confiait la République? Il fallait vraiment chez les oligar— ques toute_leur incorrigible et diabolique perversion du . . · · Sens politique, pour oser se mettre à couvert derrière un_ tel rempart! Naturellement Lepidus, en Etrurie, n’arma point pour la Republique, mais pour la révolte, et ajoutant · l’ironie à la trahison, il s'écriait que son serment ne le liait que pendant l'année courante. Le Sénat alors de mettre en mouvement la machine aux oracles, pour lui ordonner I de revenir: il lui confère la présidence des élections consu- laires prochaines. Mais Lépidus fait la sourde oreille, et ' ' `On voit par une ligne des fragments de Licinianus (V, p. 415 [à ' 78 nv. J.·C. l’année 676]) que la résolution‘votée par le Sénat et enjoignant aux consuls` de partir (uti Lepidus et Catulus decretis ezercitibus matur- rume profiscerenturz Sall. Hist. 1, M, Dietsch) ne peut s`entcndre d’un ordre donné aux consuls sortis de charge et allant dans leurs _ provinces proconsulaires respectives: une telle injonction eût été parfaitement inutile. ll s’agit ici de leur envoi en Étrurie, à titre de _ consuls en charge, et contre les Fésulans révoltes, absolument comme le consul Gaius Antonius y sera expédié plus tard contre les bandes _ de Catilina. Que si Philippus, dans Salluste encore (Hist. 1, 48, L), dit de Lépidus que « ob sedilionem provtnciam cum ezercitu adeptus est, n il n’y a rien la qui soit contraire à notre opinion, le comman- dement consulaire extraordinaire en Étrurie constituant en realité I une province, tout aussi bien que le commandement régulier pro- consulaire dans la Narbonnaise. \