Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/176

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112 LIVRE V, CHAPITRE Il _S~=¤ gagnant tous les jours de proche en proche, ils causaient mmmmem dîmmensesrdommages et à l’État et aux particuliers. Ils avaient accaparé tout le mouvement maritime de la Médi- ` · terranée. L’Italie ne pouvait plus exporter ses produits, ni importer ceux des provinces; et pendant que la on ` mouraitde faim, ici l'agriculture s’arrètait faute de débou- I chés. Plus d’envois d’argent, plus de voyages qu’on put faire en sûreté : le trésor public avaitsubi les plus sen- , sibles pertes : les corsaires tenaient prisonniers un grand nombre de nobles romains, contraints de payer de grosses sommes pour leur rançon, quand encore, assaisonnant leur justice de féroces saillies, les flibustiers n’aimaient ' pas mieux leur infliger la peine du sang. Déjà les mar- · chands romains, les corps de troupes meme à destination de l’0rient, choisissaient pour passer la mer la saison _ mauvaise, redoutant moins les tempêtes que les corsaires: ceux·ci d’ailleurs pendant l`hiver ne rentraient pas tous au port. Mais quelque dommageable que fût le blocus ma- ritime, encore le pouvait—0n plus patiemment subir que les descentes quotidiennes des bandits sur toutes les iles et . les côtes de la Grèce et de l'Asie—Mineure. Leurs escadres, comme plus tard les flottilles des Normands,se montraient · devant toutes les places de mer, les forçaient à se racheter

 prix d`or, ou les assiégeaient et les enlevaient. Sous les

yeux memes de Sylla, après la paix conclue avec Mithridate, ils avaient pillé Samothrace, Clazomènes, Samos, Jassos S4 av. .1.0. (670). Je laisse à penser ce qu'il en advint quand il n’y eut plus dans le voisinage ni flottes, ni armées romaines. ' L’un apres l’autre on vit dépouiller tous les temples opu- lents des cotes grecques`et d’Asie-Mineure : dans la seule _ Samothrace, les pirates firent main basse sur un trésor de ~ 4,000 talents (1,500,000 t/zal. = 5,625,000 fr,). « Ils ont » réduit Apollon a la misère! » s’écrie un poète du temps : « si bien quequand l’hirondelle le vient visiter, de tant de » trésors il ne reste pas une piecette d’or à lui offrir! » On comptait plus de 400 villes prises ou dévastées, et parmi