Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/177

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LA RESTAURATION APRÈS‘SYLLA l’73 _ elles Cnide, Samos,Colophon zpour n’ètre point emmenée captive, la population en masse avait déserté bon nombre d’îles et de cités maritimes jadis florissantes. Mais voici qu’à l’intérieur du pays lui—méme on n’avait plus la · · sécurité: les pirates s’y montrèrent, et firent irruption jusque dans les localités situées _a deuxjournées de marche · — de la mer. A ces temps néfastes remonte pour les cités grecques l'immense dette qui les écrasaplus tard. A L’organisation de la piraterie s’était du tout au tout Organisation modifiée. Ce ne-sont·plus simplement comme naguère de des *’""‘“' hardis forbans battant les mers de Crète entre Cyrène et le Péloponnèse, a la mer d’or, » selon leur langage, et préle- vant tribut au passage sur le grand trafic d'articlcs de luxe ` et d’esclaves qui s’écoule d’0rient en Italie : ce ne sont plus seulement ces chasseurs d'esclaves, armés jusques aux dents, et menant de front « la guerre, le commerce et — ' n la piraterie n : aujourd’hui ils constituent toute une A république, république de corsaires; ils Ont à eux une . pensée commune, une organisation forte et imposante, " une meme patrie. Ils ont enfin créé une sorte de Symmac/zic, encore a ses débuts, mais qui marche sans nul doute vers un but politique bien déterminé. Les flibus- - tiers se donnaient le nom de Ciliciens : dans le·vrai, leurs I vaisseaux réunissaient les aventuriers, les désespérés de tous les pays, mercenaires licenciés, achetés jadis sur les i marchés crétois de recrutement; citoyens bannis des villes détruites d’Italie, d’Espagne et d'Asie; soldats et otïlciers des armées de Fimbria et de Sartorius; enfants perdus de tous les peuples; transfuges et proscrits de tous les partis · vaincus, tous ceux enfin que poussaient en avant la misere » et l’audace; et dans ces tristes temps, où donc n’étaient pas le 'malheur et le crime? L'ancien ramas de brigands a . disparu : il y a là maintenant un état. une1pulssance mili- taire : à défaut de nationalité, ces hommes se tiennent liés par la franc-maçonnerie de la proscription et` du crime; et comme il est arrivé fréquemment, au sein même