Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/187

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LA RESTAURATION APRÈS SYLLA 183 ' Il ne convenait point aux Romains d’entrer plus avant canaune qu ils n y étaient déya dans les complications des affaires dg; orientales. Leurs intentions à cet égard se manifestèrent clairement dans une grave circonstance. L'occasion s'of- nsrasaiamm _ .f`rait d’annexer amiablement l’Égypte à l'empire de la lÈEmt°' République : cette occasion, le Sénat n’en voulut pas. La descendance légitime de Ptolémée le Lagide venait de s'éteindre dans la personne d'Alexandre II, fils d'Alexandre I, et fait roi par Sylla à la mort de Ptolémée _ Sôler Il Lat/zyre. Très-peu de jours après son avénement · au trône, il avait péri dans une émeute, auxmilieu de sa capitale (673). Co meme Alexandre II avait, par son les- si sv. J.·c. tament, institué la République son héritière l. Il est vrai que la sincérité du testament fut contestée : maisle Sénat lc tint pour vrai, puisqu’il se fit remettre les sommes en dépot à Tyr pour le compte du feu roi, ce qui·ne l’empé-. cha pas de laisser deux fils notoirement illégitimes de Lathyre sfemparer, l’un de l’Égypte (on l’appelait Pto- lémée XI, le nouveau Bacchus,. ou l’Aulèle, le Joueur cle _ flute), l'autre de Chypre (on l’appela Ptolémée le Cypriote). ‘ On diffère sur la question de savoir si ce testament vrai ou_pré- tendu émanait d’Alexandre l (1 666) ou d’Alexandre ll (l· 673), et le gs, 31, plus souvent on tranche la difficulté en l'attribuant au premier. A mon sens, on se rend, en cela faisant, à des raisons insuffisantes : ` . Cicéron (de leg. agr. 1, 4, 12.15,38. 16, 41) ne dit point que l`Egypte a été annexée en 666, mais bien qu’elle est écltue à Rome 88· en 666 ou après. De cc qu’Alexandrel est mort à l'étranger, tandis 88. qu’Alexandre Il périt dans sa capitale, on tire aussi la conclusion _ que les trésors déposés à Tyr, et dont le testament fait mention, . appartenaient au père et non au fils. Maison oublie que celui-ci fut tué dix-neufjours après son arrivée en Egypte (Letronne. Inscr. de l’Egyple, 2, ü0), et que sa caisse pouvait être encore à Tyr. La raison décisive, à mon sens. c’est qu’Alexandre ll était le dernier . représentant du sang des Lagides : toujours en cas pareil (ainsi en advint-il à Pergame, à Cyfène, en Bilhynie), le dernier rejeton des souverains légitimes faisait la République son héritière. Uantique droit public, du moins au regard des Etats clients de Rome, semblait ne pas laisser au prince la libre disposition de son royaume par acte de dernière volonté, sauf au cas où il n’existait plus d'agnats au degré successible. - Mais le testament lui-même était—il vrai ou faux? Je · ' ne saurais le dire et je m’en inquiete assez peu: je ne vois pas ¢l’ailleurs dans toute cette affaire de graves motifs de croire à une falsification. ` .