Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/208

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domine toute la cavalerie arménienne : il l’occupe aussitôt avec deux cohortes, en même temps qu’une attaque de flanc de sa petite cavalerie a détourné l’attention de l’ennemi :’puis, des qu’elles ’ont atteint les cimes, ses légionnaires tombent sur le dos des» Arméniens. Les chevau-légers de Tigrane se dispersent, se jettent sur l’infanterie, qui n’est point encore en ordre : celle-ci, à son tour, s’enfuit sans avoir combattu. Lucullus écrivit son bulletin de victoire dans le style de Sylla, son maitre. A l’entendre, contre 5 Romains tués, 400,000 Arméniens auraient péri, et Tigrane, jetant son turban et son bandeau royal, se serait seul sauvé avec quelques cavaliers. Ce qui est certain, c’est que la victoire de Tigranocerte (6 octobre 685) reste l’une des plus glorieuses pages de l’histoire des exploits guerriers de Rome; et comme elle fut éclatante, elle fut de meme décisive. Par l’effet-de ce désastre militaire, tous les territoires conquis sur les Parthes et les Syriens sont perdus pour l’Arménie : presque tous tombent, sans coup férir, dans la possession du vainqueur. La capitale toute neuve du grand royaume donne le signal de l’écroulement. Les Grecs que Tigrane y avait transportés et établis de force se révoltent et ouvrent aux Romains les portes de la ville, que Lucullus leur donne à piller. La Syrie et la Gilicie étaient vides d’ennemis, le satrape Mazadate en ayant retiré toutes les troupes pour renforcer la ’grande armée de secours, sous Tigranocerte. Lucullus passe dans la· Commagène, dépendante de la Syrie du Nord, et prend Samosafe d’assaut : il ne descend pas jusque dans la Syrie propre; mais tous les dynastes, toutes les cités jusqu*à la mer Rouge, Hellènes, Syriens, Juifs, Arabes, lui viennent ou lui envoient prêter hommage, à lui et aux Romains, leurs nouveaux maitres suprêmes. Le prince de la Gordyène, pays à l’est de Tigranocerte, se soumet : seule, Nisibis ferme ses portes, et d’autre part, Game, frere du roi, se maintient en Mésopotamie. Lucullus, partout, se gère comme le suzerain