Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/212

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208 LIVRE V, CHAPITRE Il . - hommes les plus vigoureux, et les fit dresser par ses sous- officiers pontiques. D’ailIeurs, les nombreuses troupes qui ` se trouvèrent bientot réunies autour du Grand-Roi n’étaient ` point appelées a se mesurer sur le premier terrain favo- rable avec les vétérans de la République; elles n’avaient qu’à se tenir sur la défensive, et à faire la guerre d’escar- mouches. Déja durant sa dernière lutte avec les Romains, Mitbridate avait toujours reculé, évitant à dessein d’en venir aux mains : cette tactique est encore `aujourd’hui la sienne : il a choisipour théàtre d’évolutions l’Arménie propre, le pays héréditaire de Tigrane, ou l’ennemi n’a jamais mis le pied, et qui par sa conformation physique et ` l’ardeur-patriotique des habitants se prete merveilleuse- , ment et la stratégie adoptée. A cs nv. .v.·c. Quand l’année 686 s’ouvrit, la situation de Lucullus, Mécontcntement difticile par elle—même, s’aggravait tous les jours. A Rome,

 malgré ses éclatantes victoires, il s’en fallait qu’on se

"***më°- montràt satisfait. Son indépendance d’allure froissait le Sénat : les financiers, qu’il avait blessés dans leurs intérets, _ mettaient tout en œuvre, et l’intrigue et la corruption , pour faire ordonner son rappel. Le Forum retentissait sans cesse des accusations, justes ou injustes, lancées par tous contre le téméraire général, contre sa cupidité, contre ses " ' opinions anti-romaines·, contre sa trahison. On blamait le ' Sénat d’avoir réuni dans la meme main une puissance sans limites, deux provinces proconsulaires, et un com- . mandement exceptionnel d'une telle importance. Le Sénat céda: il confia la province d’Asie à l’un des préteurs, la province de Cilicie, avec deux- légions de levée nouvelle, au consul Quintus MdTCÉMS.R6$, limitant Vimperium de Lucullus à l’expédition en cours contre Mithridate et Tigrane. Mais les clameurs qui s’élevaient à Rome avaient leurs dangereux échos jusque dans les camps sur l'Iris et le Tigre. La meme certains officiers, et jusqu’au beau- . frère du général en chef, Publius Clodius, pratiquaient et soulevaient le soldat. C’était eux, sans doute, qui,· pour