Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/243

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- CHUTE DE L’0LlGAP·GHIE' 239 dlhui ce même Pompée rentrait dans Rome, vainqueur de de tous ses ennemis publics ou cachés, à. la tête d’une armée aguerrie, entièrement dévouée, demandant pour ses soldats des terres, pour lui·mème le triomphe et le con- sulat. Ici, ses exigences allaient à l'encontre de la loi. Investi plusieurs fois déjà des pouvoirs les plus étendus, mais à titre extraordinaire, Pompée n’avait jamais occupé les magistratures, pas même la questure, et il n’était point encore entré dans le Sénat: or, pour pouvoir briguer le consulat, il fallait avoir passé_par les charges inférieures; pour obtenir le triomphe, il fallait avoir revetu la haute et supreme charge publique. Le Sénat était en droit de ·renvoyer le candidat: au consulat a solliciter d’abcrd la questure; et quand l’ex-général demandait le triomphe, on lui remettait en mémoire le fait de Scipion, comme lui conquérant de· l'Espagne et renonçant a-ces mêmes hon—· neurs qu'il ne pouvait non plus réclamer. Pour les terres domaniales promises a ses soldats, Pompée ne pouvait d’ail- leurs rien espérer que de la bonne volonté du Sénat. Mais admettant que celui·ci cédàt, comme on pouvait l’attendre de sa faiblesse, même irritée; admettant qu’on accordat le triomphe, le consulat, les assignations de terres au général victorieux pour prix de services rendus en se faisant le séide de l*aristocratie contre les chefs démocrates, quel serait encore le plus beau lot qui put être fait ii ce capitaine de trente-trois ans'? Allait—on l’enterrer honorablement dans le far-niente de l’ind0lence sénatoriale, dans la foule des impemtors paisibles endormis dans la curie? Ce à quoi il aspirait ardemment, le commandement de l’expé— dition contre Mithridate, il ne pouvait un seul instant songer a l’obtenir du Sénat, si le Sénat agissait de son plein gré. Dans l’intérèt bien entendu de sa propre cause, l’oli— . garchie ne pouvait lui permettre d’ajouter à ses trophées d’Afrique et d'Europe des lauriers récoltés dans un troi- sième continent : ces lauriers faciles et commodes à cueillir, les_aristocrates les gardaient pour eux-memes. Donc, ne `