Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

. 246 ' LIVRE V, CHAPITRE 111 La aiemuœ un but commun, le renversement de la. restauration : ce but d?,?,?:;; atteint, elle allait se disssoudre d’elle-mème, sinon quant au ungegî✠nom, du moins dans le vrai des choses. De quel coté passe- ' raient alors la force et la puissance? Ici, tout marchait à une solution à la fois rapide et violente. Les armées de Pompée et de Grassus campaient toujours devant les murs. Le premier avait bien promis de licencier ses soldats aussitot après son triomphe (dernier jour de décembre 71 av. J.-C. 683); mais cette promesse était a vau-l’eau. Pour accom- plir la révolution sans obstacle, ne fallait—il pas peser sur le Sénat par la crainte qu’il avait de l’armée d’Espagne, réunie en vue de Rome? Ou bien avec l’armée de Grassus, aussi gardée sous les armes, n’en arriverait-on point au ' mème résultat? Mais la révolution une fois faite, les deux · armées ne furent pas davantage congédiées. Tout semblait présager que l'un des deux généraux, alliés à la démo- cratie, allait prendre bientôt la dictature militaire, et enchainer ensemble oligarques et démocrates. Or, ce . dictateur ne pouvait être que Pompée. Dès l’origine, Crassus n’avait loué dans la coalition qu’un second role : il n’était_ arrivé qu’en solliciteur, et il devait son élection au consulat principalement a la fière attitude de Pompée. Gelui—ci, de beaucoup le plus fort, dominait visiblement la situation: s’il allait de l’avant, il ne pouvait manquer ‘ de se faire le régent absolu du plus puissant état du ` monde civilisé. Déjà, l’instinct des masses lui prétait ce role. Déja, la foule des serviles se ruait au devant du futur — monarque. Déja ses faibles adversaires cherchaient un moyen extreme de résistance dans une coalition nouvelle. On voyait Grassus,-poussé par sa jalousie d’ancienne et _ . récente date contre un rival plus jeune et de beaucoup [ supérieur à lui, se rapprocher du Sénat, s’essayer à capter la multitude romaine par ses prodigalités inouïes : comme si l’oligarchie qu’il avait aidé a abattre, comme si la mul- · titude éternellement ingrate, eussent pu lui donner l’ombre ' d’un appui contre les vétérans de l’arméc d’Espagnel Un