Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/263

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_ · CHUTE DE UOLIGABCHIE 259 la guerre contre Mithridate, et la guerre contre les pirates, Glabrion demeurant chargé de la première. Pompée _n’etait-il pas trop puissant déjà pour qu’on voulut encore A le grandir et l’éterniser‘? Mais voici que surgit un certain La loi 1•1a»ü¢a· Gains Manilius, homme de rien, insignifiant s’il en fut, tribun du peuple pourtant, et que ses rogations mala- ' droites avaient à la fois brouillé avec l’aristocratie et la l démocratie. Espérant se hisser jusque sous l'auréole du général, s'il lui faisait obtenir ce que chacun savait étre l’objet de son ardent désir, bien qu’il n’osat le demander, Manilius propose au·peuple de rappeler Glabrion de Bithynie et du Pont, ainsi que Marcius Rex"de Cilicie. A , leur place, le proconsul des mers et des cotes sera, par surcroît, chargé de toute la guerre en Orient, sans limite de temps, avec droit absolu de conclure la paix et les _ traités d'alliance (commencement de 688). Mieux que ecav.J.·c. jamais on put voir quel -coup terrible avait été porté au mécanisme de la constitution romaine, le jour ou l’ini- tiative appartenant désormais au premier démagogue venu, et le vote a la foule encore mineure, le pouvoir · légiférant avait aussi mis la main sur l’administration. La motion manilienne ne plaisait à aucun des partis: et pourtant elle ne rencontra pour ainsi dire pas de résis- _ tance. Les meneurs de la démocratie n’oserent pas y faire opposition, la subissant comme déja ils avaient dû subir ` la loi Gabinia: ils rcnfermèrent en eux-mémes leur _ mécontentement et leurs inquiétudes, et allèrent jusqu’à A parler en faveur de Pompée. Quant aux aristocrates mo- dérés ils tinrent un semblable langage : après le vote de ` la rogation de Gabinius, la lutte n’etait plus possible, et - quiconque voyait plus loin, reconnaissait déjà que la vraie conduite à tenir pour les sénatoriens, était au con- traire le rapprochement avec Pompée, et même dans la » ` prévision de sa rupture prochaine avec les démocrates, une complète alliance avec lui. Enfin les partisans de la . V politique de bascule bénissaient l’heure où ils pouvaient