Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/264

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260 LIVRE V, CHAPITRE III- ·· se donner les apparences `d'une opinion qui leur fut propre, et se dessiner hardiment, sans se compromettre avec aucune des factions. Notons le fait : c’est pour dé- fendre le projet de Manilius que Cicéron monta pour la premiere fois à la tribune politique •. Seuls, q'uclques optimates plus austeres, A. Catulus, à leur tete, gar- derentleurs couleurs, et parlèrent contre la loi. Naturel- lement le peuple la vota à une majorité voisine de l'una- nimité. Ainsi Pompée à son commandement, déjà immense, _ ` allait ajouter le gouvernement des provinces d’Asie-Mi- neure, si bien que, dans le vaste empire de la République, il n’était plus a peine un pouce de terrain qui ne lui obéit. Il avait à diriger une guerre dont·on pouvait dire, comme des expéditions d’Alexandre, qu’on savait bien où elle commençait, sans savoir ni ou ni comment elle finirait. Jamais, depuis la fondation de Rome, une telle puissance ` n’avait été concentrée dans lamême main. nmiuatm · Le vote des lois Gabinia et Manilia termine la lutte

 entre le Sénat et le parti populaire, lutte qui débuta

` soixante-sept ans avant, par le vote des lois semproniennes. Celles·ci avaient constitué le parti révolutionnaire à l’etat d’opposition politique : par les lois Gabinia et Manilia, il passe de l’opposition au pouvoir; et de même qu’à un moment solennel, l’inutile intercession d’0ctavius avait ' amené la première brèche faite à la constitution, de méme l’heure était grave où la retraite de Trébellius donnait le signal de la chute du dernier rempart du gouvernement _ sénatorial. Des deux cotés on avait la claire vue des choses: aussi, dans ce duel à mort, les plus iudolents _ ‘ [Tout le monde a lu le pro lege Manil., cette harangue décla- matoirc qui renferme de beaux passages de style. Déjà dans le procès contre Verrès, appartenant, il est vrai, au genre judiciaire, il avait touché à la politique. En lisantle discours sur la rogation de Manilius, on ne peut accorder au grand orateur, alors préteur urbain, ni beau- coup de prévoyance, ni beaucoup de désintéressement politique. A _ peu de temps de -là, il sortait de charge et défendait sans succès le même Manilius, accusé de péculat. - V. Forsyth, Life of Ciccro, I, p. 81, et autres.] ;