Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/305

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POMPÉE EN ORIENT 3(il ' durant la dernière guerre, l’écueil où s’était brisé le · premier effort de Mithridate, Cyzique avait reçu de Lucullus un territoire considérablement accru. Héraclée—Pontique, ` qui , elle aussi, avait énergiquement résisté, aux Romains cette fois, s’était vu restituer son port,`ses terres, et.le Sénat avait.sévèrement blàmé les traitements barbares · infligés par Cotta à ses malheureux habitants. Lucullus ~ s’était plaint tout haut et sincèrement de ce que le sort ne lui avait point permis de préserver Sinope et Amisos des dévastations de la soldatesque pontique et aussi de celles commises par leurs propres garnisons. Du moins _ il avait fait tout son possible pour réparer le mal, agran- dissant leur territoire, les repeuplant soit avec les anciens habitants, qui sur son invitation revinrent en foule dans ' leurs foyers aimés, soit avec de nouveaux émigrants de race grecque, veillant enfin à la reconstruction des édifices détruits. Le mème esprit guida Pompée, qui put agir sur une plus grande échelle encore. Vainqueur des pirates, au lieu de mettre en croix ses captifs (on en - comptait plus de 20,000), ainsi que l’avaient fait ses · prédécesseurs, il les avait établis dans les villes dépeuplées de la Cilicie plate, à Mallos, à Adama, à Epiphanie, a Sole surtout, qui depuis lors prit le nom de Pompéiopolis. Il en avait envoyé mème à Dymé, en Achaïe, et jusqu’à Tarente. 'Coloniser les pirates, quel sujet de blame aux » yeux d'un grand nombre de Bomainsl 1 Les brigands étaient donc récompensés pour leurs crimes! En attendant, la conduite de Pompée se justifiait par de bonnes raisons politiques et morales. Dans les conditions sociales de _ lfépoque, la piraterie était autre chose que le brigandage · ` ordinaire; et il convenait de n’appliquer aux `capti-fs que U les lois les moins acerbes du droit dela guerre. Nous " ‘ Cicéron lui-même en fait le reproche (dc Off. 3, 12. 49) : pira- l tas immuncs habcmus, socios vcctigales. Pompée aurait donc été jusqu'à donner l’immunité d’impôts à ses colonies de pirates, tandis que, comme on le sait, les villes provinciales dans la dépendance de Home (alliées)- payaieut régulièrement tribut. '